ENESCU, CONSTANTINESCU, BARTOK
DANA CIOCARLIE, piano
REF : ED13122
15/08/2002
1 disque – 15 pistes Durée totale : 01:11:04
Distinctions : Recommandé par Classica (janvier 1)
ENESCU, CONSTANTINESCU, BARTOK
DANA CIOCARLIE, piano
REF : ED13122
15/08/2002
1 disque – 15 pistes Durée totale : 01:11:04
Distinctions : Recommandé par Classica (janvier 1)
Romania est un voyage musical initiatique qui vous fera découvrir l’âme profonde d’un peuple à travers les œuvres de trois compositeurs majeurs : Enescu (1881-1955) Constantinescu (1909-1963) Bartók (1881-1945) Rhapsodie roumaine, Sonate pour piano, Joc, Six danses roumaines…
Dana Ciocarlie, piano
George Enesco (1881-1955)
Troisième suite pour piano. Extraits : Choral – Carillon nocturne
Rhapsodie roumaine, op. 11 n° 1 pour orchestre (Transcription pour piano seul)
Sonate pour piano, op. 24 n° 1
Béla Bartók (1881-1945)
Six danses roumaines
Joc cu bâta (Danse du bâton) – Brâul (Danse du châle) – Pe loc (Danse sur place)
Buciumeana (Danse de Bucsumi) – Poarga romànesca (Polka roumaine)
Maruntel (Danses rapides)
Paul Constantinescu (1909-1963)
Joc – Cantec – Joc dobrogean
JOC
isrc : FRV630000030
CANTEC
isrc : FRV630000031
JOC DOBROGEAN
isrc : FRV630000032
TROISIEME SUITE POUR PIANO CHORAL
isrc : FRV630000033
TROISIEME SUITE POUR PIANO CARILLON NOCTURNE
isrc : FRV630000034
RHAPSODIE ROUMAINE OP 11 NUMERO 1
isrc : FRV630000035
SONATO POUR PIANO OP 24 NUMERO 1 ALLEGRO MOLTO MOD
isrc : FRV630000036
SONATE POUR PIANO OP 24 NUMERO 1 PRESTO VIVACE
isrc : FRV630000037
SONATE POUR PIANO OP 24 NUMERO 1 ANANTE MOLTO ESPR
isrc : FRV630000038
SIX DANSES ROUMAINES JOC CU BATA
isrc : FRV630000039
SIX DANSES ROUMAINES BRAUL
isrc : FRV630000040
SIX DANSES ROUMAINES PE LOC
isrc : FRV630000041
SIX DANSES ROUMAINES BUCIUMEANA
isrc : FRV630000042
SIX DANSES ROUMAINES POARGA ROMANESCA
isrc : FRV630000043
SIX DANSES ROUMAINES MARUNTEL
isrc : FRV630000044
Les Roumains sont sages, résignés, auto-ironiques, lucides. La chanson roumaine typique, la doina est le plus souvent une plainte mélancolique, et exalte le sentiment le plus authentiquement roumain, le «dor» (mot intraduisible) qui implique la langueur et le manque.
Mais les Roumains, qui aiment tant s’auto-flageller, aiment aussi beaucoup danser. Danser, faire la fête, c’est l’un des seuls moyens (avec la foi orthodoxe) de se libérer, de transfigurer sa condition et de «se rapprocher de Dieu» (comme dit le poète Lucian Blaga). Il s’agit d’une danse cosmique. Très souvent les danses commencent sur un tempo modéré et puis s’accélèrent, s’accélèrent jusqu’à une sorte de fièvre qui échappe à tout contrôle jusqu’à la folie, jusqu’à l’oubli de soi.
George Enescu (1881-1955) pourrait représenter le musicien roumain par excellence, doté d’une très grande modestie, une des plus belles vertus roumaines. Celui que Pablo Casals considérait comme «le musicien le plus étonnant depuis Mozart» avait d’immenses dons naturels favorisés par l’environnement rural où il est né et où il a passé son enfance. Là, il pouvait vivre et
respirer la musique partout autour de lui, s’imprégner des sons de la nature (qui ont toujours inspiré les musiciens populaires), des bruits de la vie et de la musique du village.
Pour ce peuple d’agriculteurs, de paysans, de bergers, la vraie vie se trouvait à la campagne. «L’éternité est née au village». Cette expression du poète et philosophe Lucian Blaga, met en lumière une dimension essentielle du caractère roumain : la douceur de vivre et la tolérance envers l’autre, découlant de la paix avec la nature et avec soi-même, au sein de la nature éternelle. Car l’existence n’est qu’un passage, un moment, dû parfois au hasard, dans ce qui dure éternellement, qui a toujours existé et qui n’a pas de fin.. Se savoir intégré dans une continuité nouvelle, dans un calme où tout prend sa place, ouvre la porte à la poésie, à la liberté et au rêve. «J’ai toujours eu tendances à vivre dans le rêve» confessait Enescu (et combien nous le sentons dans la première sonate et dans les deux derniers mouvement de sa troisième suite, Choral et Carillon nocturne) alors que nous y retrouvons la résonance primordiale de la vie rurale moldave, cet espace privilégié de son enfance. Le troisième mouvement de la première sonate évoque l’atmosphère de la plaine roumaine pendant la nuit.
Au village de Liveui a eu lieu un autre événement symbolique et essentiel sur le chemin musical de Georges Enesco. C’est la rencontre avec le «lautar» local, qui fut son premier professeur de violon et avec lequel, selon la tradition orale, il a appris à jouer «d’oreille». Le lautar (violoneux), c’est-à-dire le soliste du Taraf (le groupe, l’ensemble de musiciens populaires, composé dans sa formule minimale d’un cymbalum, d’une contrebasse – ou d’un violoncelle- et d’un autre violon «rythmique» qui donnait les contretemps) est l’archétype, le symbole du musicien roumain, celui qui exprime avec son instrument les aspirations, les peines et les passions de toute une nation. Ces tarafs, nous les entendons aussi dans les Danses roumaines de Béla Bartók et les Trois pièces pour piano de Paul Constantinescu.
Parfois, on remplaçait le violon par un instrument à vent (une des innombrables variétés de flûtes rustiques, la clarinette populaire – taragot-, ou le cor – buciumul – , qu’évoque la quatrième danse roumaine de Bartók ) ou bien par un des chanteurs, ou encore par un instrument plus étrange comme l’écaille de poisson ou la feuille de rosier . Nous pourrions nous représenter Enescu lui-même dans la figure mythique d’un lautar transfiguré, chantre d’un peuple et d’un pays
D’abords exposées posément, les Rhapsodies sont de plus en plus emportées dans un véritable tourbillon quasi-dionysiaque, lequel amène l’auditeur dans un état euphorique, proche de l’ivresse. Nous retrouvons la fête endiablée dans les deux dernières danses roumaines de Béla Bartók ainsi que dans la dernière des pièces pour piano de Constantinescu. Cette pièce, surnommée Toccata, surnom que justifie sa technique d’ostinato rythmique et son écriture instrumentale virtuose, rappelle le clavier de Liszt dans les Rhapsodies hongroises.
C’est peut-être le moment de parler des deux systèmes de la musique folklorique roumaine : le rythmico–agogigue «Parlando rubato» ou déclamation mélodique libre et les rythmes de danses «giusto» justes, basés sur la régularité de pulsation. Des éléments semblables se retrouvent aussi dans la musique populaire hongroise, et un folkloriste aussi éminent et passionné que Béla Bartók les connaissait mieux que quiconque. Né à Sinnicolaul Mare (en 1881 ville hongroise, devenue roumaine en 1920), Bartók a été environné dans l’enfance de chants populaires roumains, hongrois et slovaques. D’ailleurs l’idée majeure de Bartók, qu’il s’efforça de démontrer scientifiquement sa vie durant, était que les chants populaires de cette région d’Europe avaient des racines et des structures communes.
Les Six danses populaires roumaines composés en 1915 font partie de ses œuvres les plus célèbres Ces danses sont empreintes de fraîcheur et de saveur, comme des perles idéalement proportionnées entre les éléments folkloriques originels et l’harmonisation recherchée, propre au compositeur.
Comme Bartók, Enescu a ressenti la nécessité, au moment de sa maturité créatrice, d’une connivence plus profonde avec le folklore, partant de l’idée que la musique populaire était à l’état parfait là où elle se trouvait naturellement. Enescu a cherché un chemin personnel en «distillant l’essence» de cet art en travaillant pour comprendre «de l’intérieur» les sources mêmes du langage folklorique (le mélos, la syntaxe, les échelles modales, etc) et son moteur (les structures rythmico-agogiques), pour arriver à reconstituer l’atmosphère de ballade, d’incantation, de doina, de chanson d’antan, sans faire appel à de vraies citations. En somme, selon l’expression de Bartók, le «folklore imaginaire». Tout le poussait à réaliser une symbiose entre la substance de la spiritualité roumaine avec les formes et les traditions de la musique occidentale.
REF : ED13122 – NT100
EAN : 0742495312229
71:14 – DDD – Enregistré en avril 2000 à la salle Guillaume Farel à Marseille – Notes en français et en anglais
Dana Ciocarlie, piano
Formée aux sources de l’école roumaine de piano comme Dinu Lipatti, Clara Haskil et Radu Lupu, Dana Ciocarlie a également étudié à Paris auprès de Victoria Melki à l’Ecole Normale de Musique et a suivi le cycle de perfectionnement du CNSM dans les classes de Dominique Merlet et Georges Pludermacher. Sa rencontre avec le pianiste allemand Christian Zacharias sera déterminante en particulier pour approfondir l’œuvre pour piano de Franz Schubert.
Douée d’un tempérament vif-argent où la générosité le dispute à l’engagement, Dana Ciocarlie possède un vaste répertoire, s’étendant de J.-S. Bach aux compositeurs d’aujourd’hui. Certains d’entre eux lui ont dédié des œuvres : Karol Beffa, Frédéric Verrières, Nicolas Bacri, Stéphane Delplace. Elle est reconnue comme l’une des interprètes majeures de Horatiu Radulescu. Lauréate de plusieurs Fondations : Yvonne Lefébure, Nadia Boulanger, György Cziffra, elle est aussi une interprète recherchée dans le domaine de la musique de chambre. Parmi ses partenaires de prédilection, on mentionnera Gilles Apap, Radu Blidar, Laurent Korcia, Jane Peters, Gérard Caussé, Hervé Joulain, le quintette à vent Le Concert Impromptu, le Quatuor Psophos.
Ses multiples activités à travers le monde en récital ou en concert avec orchestre l’ont conduite aux Etats-Unis (Boston, New- York, Los Angeles), au Canada (Montréal, Festival de Lanaudière), à Hong-Kong, en Europe (Allemagne, Suisse, Espagne, Belgique, Luxembourg, Italie, Pays-Bas, Roumanie), en France (Cité de la Musique, Musée d’Orsay, Radio-France, Auditorium du Louvre, Salle Gaveau, Invalides, MIDEM de Cannes, Opéra de Lyon, et différents festivals – Chopin à Bagatelle, Berlioz de la Côte Saint-André, Labeaume en Musiques, Périgord Noir, Radio-France-Montpellier, La Roque d’Anthéron -)…
La parution de ses deux enregistrements précédents lui a valu des critiques élogieuses de la presse qui n’hésite pas à la comparer par sa musicalité à Wilhelm Kempff et à Clara Haskil.
En 2005, Dana Ciocarlie se produit à Paris, en tournée avec le spectacle Aventures et Nouvelles aventures & Musica Ricercata, musique de György Ligeti, en France dans différentes saisons et festivals (Vendôme, Saintes, Cap Ferrat, Monaco, Vannes, Saint-Emilion…), en Roumanie avec orchestre dans le concerto pour piano et trompette de Chostakovitch.
Sur France Musiques, elle poursuit son cycle dédié aux œuvres de Robert Schumann dans l’émission L’atelier du musicien de Jean-Pierre Derrien qui l’invite régulièrement depuis 2001.
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