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Elena Frolova chante Marina Tsvetaeva

Paru le 23 avril 2010 chez L’empreinte digitale
Artiste principal : Elena Frolova
ref : ED13212
1 disque – 20 pistes – Durée totale: 01:04:48

Elena Frolova chante Marina Tsvetaeva

Quelques accords de guitare préparent à un certain rythme, puis ce rythme est perturbé et on devine un autre ton. On entend des sons extrêmes, précipités, on perçoit une sensualité forte et la première impression est la stupeur : comment une voix humaine peut-elle aller si loin ? Puis on ressent l’intensité de la passion et on se de- mande — Que dit-elle ? Que chante-t-elle ? Et on commence à comprendre que derrière les sons —graves ou aigus— les rythmes lents, doux ou hâtifs et presque haletants, il y a des mots dans une langue étrangère. Car une prodigieuse rencontre s’est produite : celle d’une voix actuelle, recréée par la technique et celle déjà loin- taine d’une femme poète qui a écrit ces textes.

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artistes

Elena Frolova

track listing

1. Madeleine Magdalena
isrc : FRV630500036
2. Indices terrestres Earthly signs
isrc : FRV630500037
3. Simple est mon allure My carriage is simple
isrc : FRV630500038
4. Dieu God
isrc : FRV630500039
5. Rouen Rouen
isrc : FRV630500040
6. Amertume Bitterness
isrc : FRV630500041
7. Les Scythes 3 The Scythian 3
isrc : FRV630500042
8. L’or de mes cheveux Gold of my hair
isrc : FRV630500043
9. Le Soleil du Soir Evening sun
isrc : FRV630500044
10. Captivité du khan 3 Khan’s captivity
isrc : FRV630500045
11. A Akhmatova To Akhmatova
isrc : FRV630500046
12. Le miroir (Zerkalo) The mirror
isrc : FRV630500047
13. Les Scythes 2 (berceuse) The Scythian 2
isrc : FRV630500048
14. Les Scythes 1 The Scythian 1
isrc : FRV630500049
15. La tête dans les mains Head in hands…
isrc : FRV630500050
16. Ma démarche est légère My step is light
isrc : FRV630500036
17. ni amour, ni honneurs no love and no honour…
isrc : FRV630500036
18. Le jour de l’Annonciation Lady Day
isrc : FRV630500036

PRESENTATION

Elena Frolova et Marina Tsvetaeva par Véronique Lossky

Quelques accords de guitare préparent à un certain rythme, puis ce rythme est perturbé et on devine un autre ton. On entend des sons extrêmes, précipités, on perçoit une sensualité forte et la première impression est la stupeur : comment une voix humaine peut-elle aller si loin ? Puis on ressent l’intensité de la passion et on se de- mande — Que dit-elle ? Que chante-t-elle ? Et on commence à comprendre que derrière les sons —graves ou aigus— les rythmes lents, doux ou hâtifs et presque haletants, il y a des mots dans une langue étrangère. Car une prodigieuse rencontre s’est produite : celle d’une voix actuelle, recréée par la technique et celle déjà loin- taine d’une femme poète qui a écrit ces textes.
La voix est celle d’Elena Frolova une chanteuse russe, une jeune femme qui voyage dans la Russie profonde pour retrouver dans les campagnes ces sonorités populaires, parfois anciennes et conservées comme un don de la nature, parfois toutes récentes, inspirées de sentiments éternels. Sa mise en musique surprend par son originalité : la tessiture très étendue des notes, les particularités de rythmes, la richesse des résonances, et l’impression d’absolue nouveauté dans le phrasé. Elena Frolova a déjà produit plusieurs albums et elle puise dans les réserves populaires ou littéraires. On voit qu’elle a un sens poétique très sûr. C’est une qualité rare, car le genre qu’elle choisit est difficile. Il y a nécessairement deux camps. Ceux qui disent : «Pourquoi mettre en musique des poèmes déjà musicaux, déjà beaux, déjà parfaits ? Il suffit de les lire, même à voix basse, on sent la poésie authentique, puisqu’il s’agit d’un grand poète! » Tandis que d’autres pensent : « Oh ! De toute façon, les mots n’ont aucune importance, ce qui compte c’est la qualité de la voix et la mélodie. On peut émouvoir en chantant ‘là-là-là’, le poète est superflu ». Ce genre d’observation est contredit lorsque arrive un vrai miracle et c’est le cas ici. Une véritable reconnaissance s’est produite car Elena Frolova chante des mots magiques.
Ces mots, l’auteur en est Marina Tsvetaeva dont Joseph Brodsky, prix Nobel de littérature 1987, avait dit : « Elle est le plus original et le plus grand poète du XXe siècle. » On la connaît déjà en France grâce à de nombreux récits de prose et aussi par ses poèmes On trouvera ici les traductions de dix neuf poésies qu’Elena Frolova a choisi de chanter. C’est le résultat d’une séduction et d’un destin : la chanteuse est séduite par le poète et émue par son destin.
Marina Tsvetaeva, née à Moscou en 1892, appartenait à l’intelligentsia russe prérévolutionnaire, mais elle s’est formée seule et a forgé, en marge de tout mouvement littéraire, son itinéraire de poète. Elle quitte la Russie après y avoir vécu les années dévastatrices de la révolution de 1917 et de la guerre civile. Le premier chant reflète le dynamisme et l’élan vital indomptable qui lui a permis de survivre. Le feu de la poésie embrase la gorge serrée puis libère la femme qui à l’aube jette ces notes sonores par-dessus les murs du Kremlin. Elle chante le clair de lune puis le feu de l’aurore (15.) car elle célèbre l’autre poète femme, celle qu’elle adore en ce lieu de prédilection —Anna Akhmatova (11.). Fuyant son pays devenu bolchevique, Marina va partir en exil, rejoindre son époux qui a survécu à la débâcle de l’Armée Blanche. Marina a laissé en Russie la femme adulée et poète déjà célèbre. Sait-on seulement si cette adoration ne se serait pas transformée en rivalité en d’autres circonstances? Car l’histoire a séparé les deux grandes voix de la poésie russe, transformant la vie de chacune en destin tragique.
Pour Tsvetaeva la France c’est Jeanne, Jeanne c’est le bûcher (5.)— le feu et c’est bien son élément ; le feu du bûcher de Jeanne d’Arc dont elle dit dans son Journal intime que c’est ce qu’elle connaît de plus voluptueux pour un poète. Et les notes s’élancent de la gorge d‘Elena comme les mots des poèmes de Marina se précipitent sur le papier. Si elle choisit d’évoquer la femme pécheresse—Madeleine (1.), c’est tout l’amour du Christ qu’elle va célébrer. Il y a une grande douceur dans les notes très hautes qui conviennent à un amour surhumain. Les contrastes des aigus et des graves sont destinés à créer une impression de surnaturel, mais qui se rapporte au côté humain et non divin du Christ. Le cri à la fin de la phrase est toujours surprenant. Il convient à la sublimation combinée avec la douceur de l’amour. Et on peut citer un exemple savoureux et réussi : l’herbe de la 4e strophe ondule sous la brise légère comme le fait la voix de la chanteuse en ondulant comme dans le poème : «dou-ce-ment !» Tsvetaeva consacre un poème à Dieu (4.) et Frolova la suit avec toute la profondeur et la sévérité des notes graves et lentes. Le rythme général est donné par un doux récitatif, calme et harmonieux. L’amour s’exprime maintenant par d’autres accents de Tsvetaeva. Elle parle du bien-aimé dont les cheveux sont devenus gris (8), il est le compagnon plein de sagesse. La chaleur de certaines inflexions du chant revêt les mots de sens inattendus.
Mais Tsvetaeva va vivre des années difficiles en France, le pays bien-aimé pour tant de Russes est devenu terre d’exil dans l’émigration. Des logis étroits, des banlieues alors peu avenantes, des revenus de misère. «Je ne sais rien faire d’autre qu’écrire des vers » dira-t-elle vers la fin de sa vie. Qui donc, à cette époque et sur une terre étrangère pouvait vivre de ce que rapportait la poésie? Tsvetaeva organisait à grand’ peine des soirées de lectures publiques qui servaient à payer le loyer ou à partir loin de Paris pour profiter de la nature à la campagne, dans les forêts ou les montagnes, au bord de la mer. Elle louait alors des masures inconfortables et s’en allait passer de longs mois avec ses enfants, écrire, respirer, parler avec des amis durant ses promenades, c’était une grande marcheuse. Son mari qui n’a jamais eu d’emploi stable vaquait à «ses affaires» et venait la rejoindre quelque temps au cœur de l’été. Le personnage féminin qui anime les chants est fantasque, enjoué et souvent éperdu d’amour. Parfois les tâches quotidiennes écrasent la femme, elle en oublie les chants et les rythmes et devient amère. Le poème sur «le pénible labeur des jours» (6.) est monocorde et lent. Le rythme devenu lancinant convient bien à ce thème. Le murmure grandit, prend de l’ampleur et la lamentation se transforme en un cri d’indignation ou de douleur; puis la plainte faiblit : «Comme je désire/ tout doucement mourir.» Dans ce poème comme dans un autre sur la simplicité d’être, le rythme est simplifié en deux temps. Mais on observe une montée brutale, souvent en fin de phrase, à la rime ou à l’hémistiche, sur un mot important. Cette montée de virtuose résonne comme un cri de douleur, toujours parfaitement juste et musical, même dans la dissonance.
Tsvetaeva a un diapason de thèmes aussi riche que la gamme des notes de Frolova : elle plonge au cœur de l’histoire russe médiévale et évoque la préhistoire des Scythes ou la servitude des Tatars (7.-13.-14.). Il faut rappeler qu’à ses débuts, la Russie n’était qu’une multitude de principautés groupées autour de princes jaloux de pouvoir. L’un des grands centres sur la route commerciale depuis les pays scandinaves et jusqu’à Byzance était Kiev. Mais un peuple de nomades, venus d’Asie, vint l’envahir avec toute sa région —les Tatars— qui ont établi un joug de plus de deux siècles sur l’ensemble du pays. Kiev perdit alors sa valeur culturelle et historique. Auparavant des peuples scythes habitaient les grandes plaines slaves. Tsvetaeva aime célébrer ce passé. Il lui offre la sagesse ancienne, les espaces colorés et la sauvagerie de mœurs qu’elle re- cherche ou recrée avec des mots difficiles, rudes, anciens, parfois inventés, qui fascinent par une profondeur mystérieuse et énigmatique. Souvent incantatoire la pensée devient difficile les rythmes servent alors à enchanter l’auditeur plus qu’à le convaincre par des idées abstraites. Les saccades du chant sont aussi des saccades de vie. C’est qu’en 1937 éclate à Paris une terrible affaire d’espionnage dans laquelle le mari de Tsvetaeva se trouve impliqué, à cause de l’attrait qu’exerçait sur lui la nouvelle Russie, politisée, inconnue et toute-puissante. Il était engagé dans les services secrets soviétiques depuis le milieu des années trente. Il est contraint de prendre la fuite et deux ans plus tard. Tsvetaeva ira le rejoindre en URSS. L’accueil que lui réserve son pays natal est terrifiant : la quasi-totalité de sa famille est envoyée au Goulag ou exécutée. Restée seule avec son fils adolescent à Moscou, Tsvetaeva repart pour fuir la guerre cette fois, elle gagne une ville lointaine de Tatarie où elle se suicide en août 1941. En quittant Le Havre, Tsvetaeva a écrit dans un poème que la France généreuse avait mis dans ses yeux deux perles pour pleurer son départ, semblable à celui de Marie Stuart.
Mais Elena Frolova choisit de terminer sa célébration par des poèmes de légèreté et d’amour de la vie : celui sur le miroir brisé (12.) dont les éclats se répandent comme des pièces d’argent et celui sur l’Annonciation (18.). Tsvetaeva aimait beaucoup cette fête de printemps, elle lui a consacré plusieurs poèmes. Elle aimait parler du miracle de la Vierge Marie, la féminité et la maternité apparaissent là comme des dons de bonheur et elle s’approprie ce jour de fête. Les harmonies de guitare sont très mélodieuses pour ce chant et la voix monte, monte, monte sur une voyelle seule en refrain, comme pour exprimer l’élan du cœur aimant. Tsvetaeva chante les fleurs, les oiseaux et l’air pur du printemps; c’est un jour de lumière qu’elle associe toujours à la joie de la bonne nouvelle.
Grâce à la voix riche, on peut dire «lumineuse» d’Elena Frolova, Marina Tsvetaeva fait maintenant un retour triomphal en France, un pays dont elle a toujours aimé la culture et la beauté.
Véronique Lossky, Paris février 2005

MEDIAS presse radio vidéo
IMAGES
mGitarra3 bis
CREDITS & DOCUMENTS

crédits

ED13212 – 826596025179

Elena Frolova : compositions, chant, guitare et gusli /voice, guitare & gusli

Enregistrement / recording
 Thierry Breats studio Saint-Paul, septembre 2004 Couverture / cover photo & artwork © Catherine Peillon
Photos : Richard Sprang – Marina T. Paris 1925
Notice / liner notes : Véronique Lossky
Translation by Jean-François Berger
Traduction des poèmes russes : Chantal Houlon-Crespel
label : l’empreinte digitale
Direction artistique : Catherine Peillon

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