Eos
Bijan Chemirani
3F de Télérama (mars 2002)
1 disque – 13 pistes – Durée totale: 01:04:35
ED147
Eos
Bijan Chemirani
3F de Télérama (mars 2002)
1 disque – 13 pistes – Durée totale: 01:04:35
ED147
EOS, c’est l’aurore, la déesse aux doigts de roses d’Homère.
Bijan Chemirani, à 23 ans, a déjà beaucoup voyagé, usé ses semelles de vents et de peau sur tous les continents pendant plusieurs millénaires. Après Gulistan, il revient d’un périple enchanté avec un album très personnel, construit autour de sa famille iranienne (Chemirani père, frère et sœurs), de ses intimes (Pierre Ruiz, Manu Théron), de ses maîtres ès musiques indienne (Henri Tournier), arménienne (Levon Minassian), de ses compagnons de gnawa (Loy Erhlich), de rencontres africaines singulières (Pape N’Diaye), de nouveaux venus des horizons grecs (Stelios Petrakis) où il a choisi de s’ancrer.
Entre musique du monde et musiques actuelles, ce disque 100% acoustique, ouvre une voie résolument moderne, une brèche d’où surgit, entre la nuit et le jour, nourrie dans l’ivresse et l’émotion, une arborescence sonore miraculeuse.
Stelios Petrakis lyra, laouto, saz, voix
Henri Tournier bansuri, flûtes, octobasse
Loy Ehrlich hajouj, awicha, kora
Pape N’Diaye Maryam & Mardjane Chemirani Manu Théron voix
Sylvia Laubé chœurs
Levon Minassian duduk
Pierre Ruiz guitare
Djamchid Chemirani zarb
Keyvan Chemirani zarb, voix
Bijan Chemirani saz, zarb, daf, reeq, udu, bendir
1. Roudra Lalit H. Tournier / arr. BC
isrc : FRV630200001
2. Hayat Güzel intro Hajouj de Loy Erhlich
isrc : FRV630200002
3. Hayat Güzel BC – Pape N’Diaye / arr. BC
isrc : FRV630200003
4. Nichapoûr BC
isrc : FRV630200004
5. Panjzarbi BC
isrc : FRV630200005
6. Yavôch Yavôch BC – Pape N’Diaye / arr. BC
isrc : FRV630200006
7. Jurjuna Trad arménien
isrc : FRV630200007
8. Ritournelles Trad crétois – Ioannis Petrakis / arr. BC
isrc : FRV630200008
9. Noh zarbi BC
isrc : FRV630200009
10. Maria Manu Théron / arr. BC
isrc : FRV630200010
11. Sitia Trad crétois
isrc : FRV630200011
12. Fish Dance BC
isrc : FRV630200012
13. Yunan BC / Stelios Petrakis
isrc : FRV630200013
Moi pour ton plaisir, tous les oliviers je vendrais Mais si tu me dis de vendre les vignes, là, je divorcerais…
EOS l’aurore aux doigts de rose
La mer est azur et se confond avec le ciel. On ne peut en être sûr mais on jurerait la Méditerranée.
Au gré de ses humeurs toujours joyeuses, Bijan Chemirani nous convie une nouvelle fois au voyage. Un parcours pour lequel le cartographe n’a jamais pensé à tracer la moindre frontière, à définir la moindre échelle.
A travers les paysages qu’il nous fait traverser, tout semble neuf mais rien n’est totalement étrange. Du jardin de roses où il nous avait déjà laissé nous enivrer, Bijan Chemirani a conservé quelques fragrances familières. A nouveau les vibrations heureuses du zarb résonnent, les notes cristallines de la lyra éclatent et les fulgurances des saz rayonnent. L’Iran de ses origines caresse avec douceur la Grèce qui semble l’avoir adopté. Entre ces deux pôles dérivent d’autres lieux, rêvés ou inattendus où la poésie se love au creux de rythmes qui se moquent de savoir d’où ils viennent.
Dans le port de Marseille on peut capter les senteurs sensuelles de l’Afrique et le souffle du vent d’Arménie qui distille ses mélodies éternelles. En Turquie on dit grec avec un mot qui en Grec désigne le thé. Cette boisson stimulante pour le corps et l’esprit, consommée en abondance en Inde comme au Sénégal et que l’on partage entre proches.
Sans jamais rien nous promettre, Bijan Chemirani nous offre tellement plus que ce que l’on est en droit d’espérer. Il nous présente sa famille. Son maître Djamchid, le patriarche tranquille, l’aide à étendre le dialogue sur neuf temps. Keyvan, son complice de frère, est lui aussi venu compter les mesures, 5 pour deux zarbs et quelques vocalises. Le célèbre trio, même disséminé au fil des plages, accomplit son miracle percussif.
Plus inattendu est le passage des deux sœurs Maryam et Mardjane Chemirani. Dans leurs voix, la magie perse est tout autant perceptible qu’à travers les prouesses digitales des hommes de la tribu, qu’elles évoquent une ville iranienne à travers un poème maritime judéo-andalou où qu’elles accompagnent le wolof imaginaire de Pape N’ Diaye. Quand l’énergie positive de ce chanteur sénégalais surgit sur le chemin de Bijan, alors le percussionniste l’attire en studio, où sur la bande, ses futurs souvenirs africains at- tendaient leur sorcier.
Eos accueille toutes les croyances. Marie, par exemple ; mère de Jésus dans la Bible, retrouve, dans la gorge du jongleur de notes occitan Manu Théron, une énigmatique beauté charnelle.
Stelios Petrakis est venu de Crête pour dompter des cordes et c’est un verre de raki qui a su exorciser sa peur de faire vibrer celles que l’on dit vocales.
L’Arménien Levon Minassian est joueur de duduk comme d’autres grands esprits sont popes, papes, imams ou rabbins, par la force de leur foi.
Loy Ehrlich, coutumier des cérémonies gnawas et des incantations animistes fait surgir de son hajouj et de sa kora un bon génie qui exauce tous ses vœux.
A force de fréquenter assidûment un authentique héros du vent des Indes, Henri Tournier a pris l’habitude de tutoyer les dieux et les déesses les plus mélomanes. Quant à Pierre Ruiz il possède le culte de la note bleue et souvent il l’incite à fleurir sur le manche de sa guitare.
S’il est le plus jeune d’entre ces érudits de l’émotion, Bijan n’en est pas moins un capitaine idéal. Cet Alchimiste de l’âme sait faire voguer comme personne un navire fantasque qui se glisse, tel un poisson agile, entre l’azur et les vagues et réveille en nous un goût aigu pour les aventures singulières.
Benjamin Minimum
Les Temps d’Eos
Roudra Lalit – Ici tout ce qui n’est pas percussions provient des flûtes. Harmoniques dues aux bourdons des flûtes basses ou sortilèges de la flûte bansuri dont Henri Tournier doit la maîtrise à l’immense Hariprasad Chaurasia qui fut son maître. Le titre Roudra Lalit indique le rythme indien à onze temps qui fut choisi comme base à ce morceau d’ouverture.
Hayat Güzel La belle vie – Après une introduction au Hajouj marocain par Loy Ehrlich, cette composition de Bijan retrouve le Sénégal imaginaire de Pape N’Diaye. Le chant de l’Africain est gracieusement escorté par les voix de Mardjane Chemirani et Sylvia Laubé.
Nichapoûr – Cette ville du Nord-Est iranien est située au milieu des terres et pourtant le texte poétique judéo-espagnol du XIXe siècle qui porte son nom évoque la mer, les marins et les sirènes. Le chant est assuré par Maryam et Mardjane Chemirani. Le rythme est un 9 temps.
Panj Zarbi – Bijan et Keyvan imitent ici les percussionnistes indiens, ponctuant l’exercice à cinq temps de rythmiques vocales. La flûte bansuri, le hajouj et la lyra accompagnent gaiement les deux percussionnistes.
Yavôch – Yavôch – Tranquille, tranquille, sur cette rythmique africaine, Bijan a invité le chanteur sénégalais du groupe Buru à improviser librement. Entre le wolof et la langue des muses Pape N’Diaye n’a pas tranché et ses mots secrets ont la force poétique des éclats instantanés. A mi-parcours et sans changer de rythme les saz et la lyra nous font passer de l’Afrique à La Perse sans briser le sortilège…
Jurjuna – Un morceau traditionnel arménien basé sur un rythme à 10 temps (jurjuna) d’origine turque. Le duduk de Levon Minassian se marie majestueusement avec les cordes gréco-iraniennes.
Ritournelles -Le mélange, démarre sur un rythme à quatre temps, typique de la danse crétoise syrto, puis se poursuit sur un rythme crétois traditionnel sur lequel Stelios Petrakis chante un texte écrit par son frère.
Noh Zarbi – Sur ce duo de Zarb au rythme à 9 temps, (Noh Zarbi) Bijan retrouve son maître et père Djamchid. Les deux percussionnistes sont accompagnés par Henri Tournier qui soutient les envolées rythmiques à l’aide d’accords tenus à l’octobasse.
Maria – Manu Théron a créé cette mélodie sur un texte ancien à la gloire de la vierge Marie. Les cascades légères de la kora de Loy Ehrlich apportent un contrepoint aérien à la voix terrienne et vibrante du chanteur occitan.
Sitia – Cette pièce traditionnelle pour lyra a été baptisée Sitia par Stelios Petrakis en hommage à la ville située à l’Est de la Crête dont le musicien et le morceau sont originaires.
Fish Dance – La danse du poisson – Les rythmes aquatiques en 11 et 5 temps furent enregistrés à l’aide d’une bassine à demi-pleine d’eau. Cette percussion inattendue donne son ambiance étrange à ce magnifique morceau de pré-clôture.
Yunan – “Grec” en turc, yunan est aussi une marque de thé, boisson que les musiciens burent en abondance pendant l’enregistrement de ce morceau à la rythmique en 6/8 typiquement iranienne.
Direction artistique / musical supervisor Bijan Chemirani & Lucien Massucco
Enregistrement / recording :
Lucien Massucco
Studio mobile & Studio Nerves, Salon-de-Pce Mixage / mixing :
Lucien Massucco, Maurice Salaün
Mastering: Digipro
En couverture / front cover : Mytilène, @ Catherine Peillon
Photos : Cassandre Lavoix
Notice / liner notes: Benjamin Minimum
English Translation: Delia Morris
Label Manager: Catherine Peillon
ED147 – 0742495314728
Bijan Chemirani first took up a musical instrument at the age of seven, in the mid-1980s. It was a zarb made of papier mâché that his father had brought back from Iran. What his fingers produced at that time was an imperfect rhythm, but by dint of listening, observing and training, Bijan became a master of the zarb, like his father Djamchid and his brother Keyvan. The zarb, also known as tombak, is a goblet drum made from a single block of wood, turned and hollowed out, and covered with a goat- or camel-skin head. It plays an important role in Persian classical music.
Bijan’s father, Djamchid Chemirani, arrived in France from Teheran in the early 1960s. This virtuoso percussionist was a student of Hossein Teherani, who was the first to raise the status of the zarb by making it into solo instrument instead of an accompanist. In France the drum attracted the attention of creators such as Maurice Béjart and Peter Brook, who asked Djamchid to work with them. As a good teacher he also passed on his skills to musicians such as Jean-Claude Drouet and Bruno Caillat – and, of course, to his own children. He also introduced them to the rich Persian culture, Sufi poetry, classical singing and the radif repertoire (the old Persian melodies that have been passed down from master to student over many generations). Bijan turned first of all to the kamanche (a bowed string instrument), then the piano and the accordion, before returning to the zarb. He studied the zarb with his father and in trio with his older brother, Keyvan.
Bijan was not really a hard worker at school; music was always more important. He played as much as he could, discovered other percussion instruments, such as the bendir (frame drum), riqq (tambourine) and udu (clay vessel drum), and conceived a passion for rock, rap and the great singers of Iran. At the age of eighteen, he persuaded his parents to let him live by and for music. He thought he was going to carry on learning at a leisurely pace, but Djamchid had other ideas: he sent him to Zurich to take his place in a concert with the Percussion Orchestra, which brings together percussionists from all traditions. During that first contact with an audience, he suffered so badly from stage fright that he would have been discouraged, had not the other musicians received his performance with such enthusiasm.
Living in Marseille, Bijan is in close contact with the Mediterranean culture and with that of Occitania. His open mind enables him to increase his capacities constantly. In 2001, his first album, « Gulistan », reflected his career up till then. On the album we find his father and his brother, but also Ross Daly and the Greek Socratis Sinopoulos, the composer Henri Agnel and the Occitanian singer Manu Théron. A year later, with « Eos », he refined his work as a composer and broadened his horizons yet further. As well as percussion instruments, he played the saz (lute), and beside him appeared the Senegalese singer Pape N’Diaye, the multi-instrumentalist Loy Ehrlich, the jazz guitarist Peter Ruiz, Armenian duduk player Levon Minassian, his sisters Mardjane and Maryam for the vocals, and the Cretan musician and former pupil of Ross Daly, Stelios Petrakis (lyra, lute and saz). His adventure continued with the latter on the CD « Kismet », and they gave the first concert of their repertoire at the Strictly Mundial Festival in Marseille in 2003. Bijan’s reputation continued to grow and he worked with more and more other artists. His dexterity and his very broad palette attracts artists from all backgrounds, including the saxophonist Jean-Marc Padovani, the clarinettist Yom, the mandolinist Patrick Vaillant, the flamenco guitarist Juan Carmona, and the vocalists Amina Alaoui from Morocco, Annie Ebrel from Britanny and Sam Karpienia from Marseille. Guitarist Serge Teyssot-Gay (ex-Noir Désir) and former Police singer and bass player Sting also appreciate his skills.
In 2007, with his sister Maryam and Greek singer Maria Simoglou, Harris Lambrakis (ney flute), Kevin Seddiki (guitar) and Pierlo Bertolino (hurdy-gurdy), he formed the group Oneira, a laboratory for experimenting with traditions and sharing dreams, to which each musician brings his or her inspiration and talent. The group’s first album, « Si La Mar », was released in March 2009. It was followed in 2012 by « Tâle Yâd ».
As well as appearing with Oneira, Bijan Chemirani finds time to play with the Trio Chemirani, the Lopez-Petrakis-Chemirani trio, the Forabandit project, which brings him together with Sam Karpienia (former singer with the Marseille group Dupain) and the Turkish musician Ulaş Özdemir, and to work on solo recording projects.
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