Le jardin des roses
Bijan Chemirani
avec Ross Daly
1 disque – 14 pistes – Durée totale: 01:02:13
ED13127
Le jardin des roses
Bijan Chemirani
avec Ross Daly
1 disque – 14 pistes – Durée totale: 01:02:13
ED13127
Ce disque enregistré entre Athènes et Marseille explore avec une rare inspiration l’univers musical de Bijan Chemirani. L’artiste a réuni des musiciens exceptionnels, voyageurs virtuoses de ces terres habitées d’amoureux et de poètes. Il en a conçu le dessin avec la complicité chaleureuse de Ross Daly et des siens (Keyvan, son frère et Djamchid, son père). Ce monde s’étend de la Méditerranée orientale jusqu’en Iran en passant par l’Asie Mineure, l’Azerbaïdjan et l’Inde. Cet espace flou de confrontations et d’interpénétrations devient limpide et clair sous l’éclairage sonore d’une grâce venue nous bercer de senteurs byzantines, grecques, et persanes comme dans un “Gulistan », un jardin des roses, imaginaire.
Ross Daly : lyra, laouto, saz, robab
Bijan Chemirani : zarb, daf, reqq, kamantché, darbouka, cajon, udu
Henri Agnel : oud, cetera, rebec
Socrates Sinopoulos : kemençé, laouto
Tigran Sarkissian : duduk
Djamchid Chemirani : zarb
Keyvan Chemirani : zarb, daf, udu
Manu Théron : voix
1 – Liqa (Bijan Chemirani & Henri Agnel)
Bijan Chemirani : daf, cajon, udu, kamantché, tambourin
Henri Agnel : cetera, oud, rebec
isrc : FRV630000073
2 – Makrinitsa (Ross Daly)
Ross Daly : lyra
Djamchid Chemirani : zarb
Bijan Chemirani : daf
isrc : FRV630000074
3 – Taksim Laouto (Socrates Sinopoulos)
Socrates Sinopoulos : laouto
isrc : FRV630000075
4 – Socratako (Socrates Sinopoulos)
Socrates Sinopoulos : laouto
Keyvan Chemirani : udu
Bijan Chemirani : zarb
isrc : FRV630000076
5 – Taksim Robab (Ross Daly)
Ross Daly : robab
isrc : FRV630000077
6 – Naom Gaffani (traditionnel du Soudan)
Ross Daly : robab
Keyvan Chemirani : udu
Bijan Chemirani : zarb
isrc : FRV630000078
7 – Taksim Duduk (Tigran Sarkissian)
traditionnel du Soudan
Tigran Sarkissian : duduk
isrc : FRV630000079
8 – Zeimbeki (Ross Daly)
Ross Daly : saz, laouto
Socrates Sinopoulos : kemençé
Tigran Sarkissian : duduk
Keyvan Chemirani : zarb
Bijan Chemirani : daf
isrc : FRV630000080
9 – Tarigh (improvisation)
Ross Daly : saz
Keyvan Chemirani : daf
Bijan Chemirani : zarb
isrc : FRV630000081
10 – Gardesh (traditionnel grec)
Socrates Sinopoulos : kemençé
Keyvan Chemirani : daf
Bijan Chemirani : daf, reqq, darbouka
isrc : FRV630000082
11 – Syrto (traditionnel crétois)
Ross Daly : lyra, laouto
Socrates Sinopoulos : 2e laouto
Bijan Chemirani : daf
isrc : FRV630000083
12 – Taksim Cistre (Henri Agnel)
Henri Agnel: cistre
isrc : FRV630000084
13 – Sento d’amor la fiamma
(estampille italienne du XIVe siècle / anonyme)
Henri Agnel: cistre
Bijan Chemirani : zarb
isrc : FRV630000085
14 – Gulistan (Bijan Chemirani)
Bijan Chemirani : percussions, cordes, kamantché, voix
Manu Théron : voix
isrc : FRV630000086
Ce disque enregistré entre Athènes et Marseille explore avec une rare inspiration l’univers musical de Bijan Chemirani. L’artiste a réuni des musiciens exceptionnels, voyageurs virtuoses de ces terres habitées d’amoureux et de poètes. Il en a conçu le dessin avec la complicité chaleureuse de Ross Daly et des siens (Keyvan, son frère et Djamchid, son père). Ce monde s’étend de la Méditerranée orientale jusqu’en Iran en passant par l’Asie Mineure, l’Azerbaïdjan et l’Inde. Cet espace flou de confrontations et d’interpénétrations devient limpide et clair sous l’éclairage sonore d’une grâce venue nous bercer de senteurs byzantines, grecques, et persanes comme dans un “Gulistan », un jardin des roses, imaginaire.
Compositions ou thèmes traditionnels font entendre cette vaste parenté culturelle entre des traditions que seules les idées reçues séparent. L’utilisation variée de la lyra, du saz, du robab, du duduk établit au contraire une rare homogénéité.
Accents de nostalgie, ambiances anatoliennes, souffles dans le désert, Bijan Chemirani, soliste ou accompagnateur pressent les moindres intentions des instrumentistes, il fusionne littéralement avec son ensemble et joue de son zarb, son daf, son reqq ou même son tambourin en les adaptant à tout changement de couleur, en maintenant imperturbablement stable la pulsation sous-jacente. Infimes et infinies variations, précision, audace; cette musique dépayse en sonnant comme un intime mouvement de l’âme.
Gulistan utilise des instruments de plusieurs familles.Tout d’abord, celle des kamantchés (vièles) persans, grecs ou turcs. C’est un instrument très populaire dans de nombreux pays du Moyen-orient. Il est l’un des plus anciens instruments du monde et fait partie de la famille des vièles à piques. En persan, kamantché veut dire littéralement «petit arc». Joué en position verticale, il a une caisse en bois de mûrier et un manche cylindrique en noyer. Il est pourvu de quatre cordes en métal comme le violon occidental. L’autre branche de la famille est couramment en usage, au Nord-Est de la Turquie dans la minorité Laze et surtout dans les anciennes provinces grecques pontiques (du Pont-Euxin), d’où son autre nom de lyra.
Le jeu est le plus souvent polyphonique par effleurement constant de deux cordes. La deuxième corde est généralement en bourdon. Le jeu simultané de la mélodie est joué en double cordes, le tout exécuté de façon variée, rapide et très entraînante. Dans ce disque, on trouve également le cousin égéen et anatolien de cet instrument appelé le kemençé. Le manche et le corps se confondent et donnent à l’instrument l’aspect d’une poire. Sur la table en bois, pourvue d’ouies semi-circulaires, trois cordes en boyaux sont enroulées autour des chevilles et ne reposent pas sur un sillet. Le jeu est difficile car les cordes accordées en Ré3, Sol3, Ré4 ne doivent pas être appuyées mais soulevées avec le dessus de l’ongle. Les cordes sont frottées avec un archet tenu de la main droite. La famille n’aurait pas été au complet si le rebec (vièle médiévale) manquait au rendez-vous.
Enfin on appréciera les retrouvailles de divers instruments tels que :
- Le oud, (luth à manche court) sans frettes à caisse piriforme.
- Le laouto qui a des parentés avec le luth européen que l’on avait l’habitude de voir dans toutes les fêtes d’Asie Mineure accompagné du kemençé.
– La cetera, luth méditerranéen occidental avec frettes, et le saz, luth à manche long et fin à caisse piriforme constitué d’une table en sapin et d’un manche en fruitier ainsi que d’une caisse en châtaigner.
– Le duduk, seul instrument à vent présent à ce rendez-vous provient d’Arménie et des plaines anatoliennes. Il s’agit là d’un hautbois à double hanche, court, à tuyaux cylindriques, percé de neuf trous antérieurs et d’un seul trou postérieur.
Les percussions se rencontrent toutes peaux tendues, le cœur battant, menés par des énergies différentes.
– Le zarb tambour persan, qui a pour particularité de transformer la percussion en mélodie est constitué d’un corps en bois en forme de calice, tendu d’une peau de chèvre. Il est reconnaissable à ses frappes roulées.
– La darbouka instruments à percussions en terre ou cuivre à pied creux, est ouverte sur le fond, et se présente sous forme de calice.
– Le daf est un tambour sur cadre.
– Le reqq est aussi un petit tambour sur cadre mais comportant des cymbalettes.
– L’udu, percussion d’Amérique Latine proche du ghatam d’Inde du Sud, en terre cuite, aux sonorités rugueuses et aux rythmes fins.
– Le cajon, caisson en bois en provenance d’Amérique latine lui aussi, enflammé par les mains de gitans d’Andalousie.
Bijan Chemirani tour à tour soliste ou accompagnateur, sensible aux moindres intentions des autres instrumentistes, colle littéralement avec son zarb, son daf ou reqq. Il maîtrise parfaitement les subits changements de rythme et ou de tempo des mélodistes, tout en maintenant imperturbablement stable la pulsation sous-jacente, il débride ainsi à loisir son imagination créatrice au travers d’infinies variations.
Dans Liqa (1) après des taksims de kamantché (Bijan Chemirani), lyra et rebec (Henri Agnel), Bijan Chemirani improvise au départ sur des rythmes ternaires pour mieux explorer les univers musicaux d’Iran et d’Azerbaïdjan.
Djamchid, et Bijan Chemirani sont époustouflants de précision et d’audace lorsqu’ils improvisent ensemble, pour accompagner Ross Daly à la lyra dans sa composition Makrinitsa (2).
Socratako débute avec un taksim (3) : introduction improvisée, de Socrates Sinopoulos au laouto. Dans la pièce (4), le zarb de Bijan Chemirani et l’udu de Keyvan Chemirani répondent à des envolées rythmiques du laouto de Socrates Sinopoulos pour des dialogues inspirés. Il s’agit là d’une rythmique à quatre temps, décomposée ainsi : 3/3/3/3/2/2.
Naom Gaffani (5,6) s’ouvre à nos oreilles par un taksim au robab de Ross Daly, Les sonorités du zarb et du udu nous entraînent dans un voyage perpétuel entre l’Iran, l’Azerbaïdjan, l’Afghanistan et l’Inde.
Zeimbeki (8) s’ouvre sur une improvisation (7) de Tigran Sarkissian au duduk. L’extrême sensibilité de son duduk nous fait traverser avec ferveur les plaines arides des montagnes d’Anatolie et d’Arménie. Le Zeybek ou le Zeybekiko qui tient son nom d’une tribu montagnarde est une danse pratiquée sur le littoral égéen jusqu’aux confins du haut plateau anatolien. Le rythme boiteux (aksak) en 9/16 est très particulier. Il est composé de mouvements lents, de gestes amples par lesquels s’expriment des sentiments opposés comme la souffrance, la joie, la violence et la douceur. Le zeybek à l’origine était dansé notamment par des justiciers populaires des campagnes, les Efe, qui pour nous évoquent les haïdouks bulgares, les clephtes grecs etc. Le zeybek de ce disque interprété au saz et au laouto par Ross Daly est accompagné au duduk, kemençé, daf et zarb.
Tarigh (9) est un dialogue entre le saz de Ross daily et les percussions de Bijan et Keyvan Chemirani sur les dastgahs (modes persans).
Gardesh (10) est un dialogue entre le kémençe de Sinopoulos et la darbouka de Bijan Chemirani, où le kemençe est suivi pas à pas par la darbouka qui ponctue chaque
phrase musicale par une ornementation rythmique raffinée.
Syrto (11), d’après le mot syrtos, littéralement “traînant”, est une ronde qui prit naissance à la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion de la musique populaire grecque. Cette danse stylisée est entrée dans le réperoire turc et fait partie des cycles de danses interprétées par des ensembles classiques. Ce syrto de Crète est interprété par Ross Daly à la lyra et au laouto et par Bijan Chemirani au daf.
Sento d’amor la fiamma (12,13) est introduit par un taksim. Il s’agit là d’un dialogue, plein de virtuosité entre le zarb de Bijan Chemirani et le cistre d’Henri Agnel qui nous fait vaciller entre l’Italie et l’Iran, le XIVe et le XXIe siècles.
Gulistan (14) devient un voyage de rêves à travers un dédale d’univers musicaux. Le kemençé, les percussions, les voix de Bijan Chemirani et Manu Théron, nous font vivre les moments subtils d’un raga indien, la ferveur d’un sema (cérémonie) de derviches, à l’heure électronique.
Ce jardin des roses se présente ainsi comme un voyage musical à travers des musiques traditionnelles, des compositions originales, des improvisations, des paysages musicaux où chaque musicien trouve sa place, séparément et ensemble, grâce à l’étonnante présence musicale de Bijan Chemirani, concepteur d’une œuvre musicale ouverte.
Sami SADAK
Merci à à Ross Daly pour tout ce qu’il a offert à ce disque, pour sa générosité musicale, sa profonde gentillesse et pour le fabuleux musicien qu’il est! Merci à Henri Agnel pour sa complicité, à Socrates pour son art, à Keyvan et Djamchid pour leur soutien, à Tigran Sarkissian, Manu Théron pour avoir apporté un peu de souffle humain, à Silvio Soave, Lucien Massuco et Mani Golara.
Direction artistique / artistic supervisor :
Bijan Chemirani
Enregistrement / recording :
Stemis Nikoloudis, Aeolia Studio
(Athènes, septembre / September 1998) Silvio Soave, Studio la Colline
(Sud de la France, été / Summer 2000) Lucien Masucco : Gardesh (track 10) (octobre / October 2000)
En couverture, Cover: Astronomie, 1581 Bibl. Univ. Istanbul, in Omar Khayyam, les Rubâ’iyât / Seghers 1982
Notice / liner notes by Sami Sadak
english translation by Delia Morris
label manager : Catherine Peillon
ED13127 – 0742495312724
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