le petit garçon qui avait envie d’espace
un texte de Jean Giono © gallimard
musique de Benoît Menut
Cécile Brochoire, récitante • Michaël Dian, piano
un texte de Jean Giono © gallimard
musique de Benoît Menut
Cécile Brochoire, récitante • Michaël Dian, piano
enregisré les 14 et 15 mai 2019
dans les Hautes Alpes Studio Alys (Manteyer)
prise de son, montage et mixage Pascal Perrot
notes
Hervé Cortot, Michaël Dian
& Benoît Menut
photos intérieures
Alexandre Chevillard
photo & création graphique
Catherine Peillon
Commande 2017 de l’Espace Culturel de Chaillol, Scène conventionnée Art en territoire des Hautes-Alpes.
Création le 1er aoû2017 au Fayore, Centre culturel valléen du Champsaur Valgaudemar.
Pour cette création, l’Espace Culturel de Chaillol a reçu le soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence Alpes Côte d’Azur, de la SACEM. Publié avec le précieux soutien du Fonds pour la Création Musicale et de la Fondation Francis et Mica Salabert.
1. Prélude 3’52
2. Il y avait un petit garçon 2’21
3. Traversons le pré 2’17
4. Si je montais dans un arbre 1’06
5. Badinerie 2’38
6. Il fallut le répéter plus de trois fois 1’48
7. C’est à peine le début de l’après midi 0’39
8. Le miel était évidemment une chose intéressante 2’54
9. On dirait que tu n’es pas content 1’34
10. Ce fut à la tombée de la nuit 2’52
11. Et c’est dans le lit que la chose arriva 3’05
12. C’était comme un immense tapis 1’58
13. Pendant que le petit garçon faisait toutes ses réflexions 1’38
14. Le Cygne 2’45
15. Où était le moulin ? 2’07
16. Il se réveilla 2’16
par
Michaël Dian
Là où la montagne dépasse du mot
qui la désigne se trouve un poète.
Odysseus Elytis
Commandé par un fabricant de chocolat suisse, Le petit garçon qui avait envie d’espace est paru en 1949, cinq ans avant que le romancier ne soit élu à l’Académie Goncourt. Dans l’oeuvre prolifique de l’écrivain manosquin, c’est le seul texte composé pour les enfants. De nos jours, les librairies disposent d’un très large choix de livres pour tous les âges de l’enfance car la littérature jeunesse est devenue un genre en soi autant qu’un segment du marché de l’édition. Bien que s’adressant aux enfants, Jean Giono n’a pas écrit pour être seulement lu d’eux. Écrivant pour eux, il ne s’est privé d’aucune ressource de son immense talent, n’a pas simplifié sa langue ni renoncé à la richesse de son écriture. Sa voix est intacte, reconnaissable entre toutes.
Comme lui, le compositeur Benoît Menut a donné libre cours à son inspiration. Il n’a pas confiné son écriture dans une palette d’expression réduite, ni adopté une autre langue que la sienne et on retrouve dans cette pièce la même exigence musicale que dans ses œuvres les plus importantes. En acceptant de mettre en musique les mots de Jean Giono – j’ai fait un travail d’enluminure, confie-t-il – il encourage l’imagination du lecteur, cette puissance qui est au cœur du récit. Ce faisant, il offre une place à l’auditeur et lui donne à entendre ce que l’écriture de Giono laisse deviner, les paysages, les émotions des personnages, la complicité d’un père et d’un fils, la tendresse d’une mère. Non par une traduction musicale littérale, simple commentaire sonore qui doublerait le déroulement du récit, mais par un authentique geste d’invention qui ouvre l’oreille, fait ressentir l’espace autour de soi et en soi.
À chaque étape de ce projet, de la commande à l’enregistrement en passant par les nombreuses représentations que nous en avons données, nous pensions aux enfants. Pas à un enfant en particulier, mais à l’extraordinaire réceptivité propre à cet âge de la vie. Car les enfants saisissent tout avec une sensibilité sans pareille, une disponibilité restée intacte et fragile. Pour cette raison, ils sont le public le plus exigeant car le moins disposé à se plier aux codes, aux convenances qui font le rituel du spectacle. Ils s’ennuient ? Les artistes sur le plateau le savent dans l’instant. Mais s’ils sont captivés, leur attention est entière, intacte, pure. Vivants et vibrants, ils s’offrent comme on donne sa confiance à un ami sincère.
C’est à cette part d’enfance qui sommeille en chacun que nous confions ce dialogue lumineux.
Jean Giono est né le 30 Mars 1895 à Manosque dans les Alpes de Haute Provence. Son père, d’origine italienne était cordonnier et sa mère repasseuse. Autodidacte, à la curiosité universelle, il découvrira la Bible, Homère, entre l’échoppe de son père et l’atelier de sa mère. Pour venir en aide financièrement à ses parents, Jean Giono est obligé de quitter le collège en seconde et devient employé de banque. En 1915, il est envoyé au front à Verdun, une expérience qui le marquera profondément. Giono décide de se consacrer à l’écriture et publie en 1929 son premier roman Colline qui remporte le prix américain Brentano. Giono peut quitter la banque et vivre de sa plume : Grasset et Gallimard se le disputent. En 1930, il reçoit le prix Northcliffe pour son roman Regain et est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1932. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, même s’il n’a jamais pris position pour les nazis ou le régime de Vichy, il est accusé de collaboration, emprisonné quelques mois et inscrit sur la liste noire du Comité national des écrivains qui lui interdit toute publication. Ce n’est qu’en 1947 que cette interdiction est levée. En 1953, il reçoit le Prix Littéraire du Prince Pierre de Monaco et entre l’année suivante à l’Académie Goncourt. Giono ne quittera Manosque que pour de brefs séjours à Paris et quelques voyages à l’étranger. En 1953, il obtient le Prix Prince Rainier de Monaco pour l’ensemble de son œuvre. Giono, à la culture immense, universelle, est un auteur qui a peint la nature, dans une langue simple, une écriture dépouillée. Celui qui s’est surnommé «le voyageur immobile» est mort enterré à Manosque, en 1970.
Benoît Menut est lauréat du Grand Prix SACEM 2016 de la musique symphonique – catégorie jeune compositeur, de la Fondation Banque Populaire (2008) et a reçu des prix de la Fondation Francis et Mica Salabert (2014) et Charles Oulmont (2019). Fando et Lis, son premier opéra d’après la pièce de Fernando Arrabal, fut créé en mai 2018 à l’Opéra de Saint Étienne sous la baguette de Daniel Kawka. Cette œuvre lui vaut le prix Nouveau Talent decerné par la SACD. Lors de sa remise, il définit son travail comme « de l’énergie en sons portée par du sens ». Ses œuvres sont jouées dans divers festivals et saisons : la Philharmonie de Paris, La Scala Paris, les Flâneries Musicales de Reims, le Musée d’Orsay, La Chaise-Dieu, les opéras de Rennes, Saint-Etienne, Nancy, le Festival Contemporain de Vienne, le Festival de Chœur d’Arezzo, de Novara, de Kobé, Montréal et Munich… Monologue[s], premier disque monographique, enregistré par l’Ensemble Accroche Note, a été salué par la critique. Benoit Menut a été compositeur en résidence et associé à l’Orchestre Symphonique de Bretagne de 2014 à 2019 et résident à l’abbaye de La Prée de 2007 à 2009. Il a écrit pour de nombreux ensembles vocaux – les Cris de Paris, le Chœur Britten, Mikrokosmos, la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, la Maîtrise de Radio-France, le Chœur National des Jeunes… – ainsi que des solistes et ensembles reconnus – Emmanuelle Bertrand, Ophélie Gaillard, David Kadouch, Marianne Piketty, Jean Ferrandis, Paloma Kouider, Patrick Langot, Stéphanie Moraly, Christophe Beau, Lise Berthaud, Clément Saunier, Maya Villanueva, le Quatuor Stanislas, le Quatuor Tana, l’Ensemble Calioppée, Hélios, le Trio Karenine, le quatuor « les Anches-Hantées », l’ensemble C-Barré,… Dans le domaine orchestral, de nombreux orchestres lui ont passé commande – l’Orchestre de
Paris, l’Orchestre Nationale d’Ile de France, les orchestres de Nancy, de Bretagne, Caen, des Pays de Savoie, de Saint-Etienne… Il a mis en musique de nombreux auteurs, poètes et metteurs en scène tels que Florence Lavaud, Jacques Roubaud, Dominique Lambert, Christian Bobin, Pascal Quignard… Ce lien avec les mots tient une place essentielle dans son travail. Sa saison 2019-20 sera marquée par une nouvelle création lyrique à la Philharmonie de Paris, un spectacle avec Pascal Quignard, une fresque chorale avec Christian Bobin en récitant et la sortie de son deuxième disque monographique intitulé Les Iles à paraître chez Harmonia Mundi. Benoît est aussi directeur artistique du «Collectif 21e Parallèle» et du festival de musique de chambre Autour du Ventoux. Sa musique est éditée aux Éditions Musicales Artchipel. Enfin, il aime transmettre la musique : titulaire du CA et DE obtenus après ses études aux CRR et CNSM de Paris (avec Alain Mabit, Jacques Castérède, Alain Louvier, Olivier Trachier…), il fut professeur de formation musicale, d’analyse et de composition dans de nombreux conservatoires. Mais c’est réellement au contact de ses pairs qu’il revendique son apprentissage. Ainsi, il a travaillé auprès d’Olivier Greif, dont il fut le dernier élève, de Jean-Louis Florentz, de Philippe Hersant et qualifie ses brèves rencontres avec Henri Dutilleux de « fondatrices ». Il participe régulièrement aux formations organisées par les CNSM de Paris et Lyon. Il est aussi l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages pédagogiques (L’Ouverture à la Musique, La Dictée en Musique, aux éditions Henry Lemoine) et de biographies de compositeurs (Guy Ropartz, Olivier Greif, Pierick Houdy…).
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