
Attaché à ses racines arabo-berbères et à la particularité culturelle de la musique de son pays – l’oralité –, il n’aura de cesse de concilier le geste musical et le signe de l’écriture afin de dépasser les contingences de l’un et de l’autre.
Après un essai de musique électroacoustique, Sultanes (1973) – qui n’est autre qu’une réflexion sur la musique berbère à partir de laquelle il tente de retrouver le geste du musicien populaire –, Essyad se fait connaître par une cantate pour contralto, trois groupes de cordes, percussions et récitant, Identité (1975), qui déclenche un des derniers véritables scandales de la musique du xxe siècle. Écrite sur un poème de Mahmud Darwish, cette partition sera déprogrammée du festival de Royan pour des raisons politiques (le texte, dû à un poète palestinien, prône la réconciliation entre les Juifs et les Arabes sur la terre d’Israël), puis jouée et dirigée, à la Sorbonne, par son mentor, le chef d’orchestre juif Max Deutsch, alors qu’un cordon de police filtre les entrées.
Mais la reconnaissance véritable advient au festival d’Avignon avec Le Collier des ruses (1977), une œuvre en arabe qui est interprétée par des musiciens professionnels (jouant sur partition) et par des acteurs musiciens marocains (ayant travaillé avec Essyad selon la technique de l’oralité).